Je te reconnais, Ménade ! Je te reconnais, Sibylle ! Je n'attends avec ta main point de coupe ou ton sein même
Convulsivement dans tes ongles, Cuméenne dans le tourbillon des feuilles dorées !
Mais cette grosse flûte toute entrouée de bouches à tes doigts indique assez
Que tu n'as plus besoin de la joindre au souffle qui t'emplit
Et qui vient de te mettre, ô vierge, debout !
Point de contorsions : rien du cou ne dérange les beaux plis de ta robe jusqu'aux pieds qu'elle ne laisse point voir !
Mais je sais assez ce que veulent dire cette tête qui se tourne vers le côté, cette mine enivrée et close, et ce visage qui écoute, tout fulgurant de la jubilation orchestrale !
Un seul bras est ce que tu n'as point pu contenir ! Il se relève, il se crispe,
Tout impatient de la fureur de frapper la première mesure !
Secrète voyelle ! animation de la parole qui naît ! modulation à qui tout l'esprit consonne !
Terpsichore, trouveuse de la danse ! où serait le chœur sans la danse ? quelle autre captiverait
Les huit sœurs farouches ensemble, pour vendanger l'hymne jaillissante, inventant la figure inextricable ?
Chez qui, si d'abord te plantant dans le centre de son esprit, vierge vibrante,
Tu ne perdais sa raison grossière et basse flambant tout de l'aile de ta colère dans le sel du feu qui claque,
Consentiraient d'entrer les chastes sœurs ?
Les Neuf Muses ! aucune n'est de trop pour moi !
Je vois sur ce marbre l'entière neuvaine. À ta droite, Polymnie ! et à la gauche de l'autel où tu t'accoudes !
Les hautes vierges égales, la rangée des sœurs éloquentes
Je veux dire sur quel pas je les ai vues s'arrêter et comment elles s'enguirlandaient l'une à l'autre
Or, si vous préférez la musique, je vous propose d'écouter la version d'Yves Montand.
Par Adriana !
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Vous connaissez peut-être ce poème de Jacques Prévert et qui est d'ailleurs très connu, mais je voudrais vous montrer cette vidéo où Serge Reggiani, un acteur d'origine italienne, récite le poème.
Rappelle-toi Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuseCette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Nous avons lu ce poème la semaine passé, voici une analyse intéressante
Zone est le poème d'ouverture du recueil Alcools (1913) de Guillaume Apollinaire. Ce poème au cycle de Marie (en référence à Marie Laurencin, peintre, rencontrée par Guillaume Apollinaire en 1907). C’est en changeant le titre du recueilEau de vie en Alcools et en décidant de supprimer toute ponctuation que l’auteur rajoute en tête de l’ouvrage le poème Zone, dernier écrit de l’ensemble : il donne ainsi à son recueil une orientation philosophique.
On est frappé par l'apparence du poème : certains vers sont détachés, d'autres regroupés en strophes ; il n'y a pas réellement de régularité. Ce sont des vers libres (pas de mètres réguliers), les lois de la versification ne sont pas respectées. Ces vers riment à peine : ils sont assonancés. Pas de ponctuation.
Le poème n'est pas complètement déroutant, mais apparaît quelquefois bizarre.
Nous allons étudier les 24 premiers vers du poème. Dans un premier temps, nous verrons en quoi cet extrait du poème Zone est innovant pour 1913, puis nous analyserons comment Apollinaire fait l'éloge du monde moderne.
La dernière goutte de vin s'allume au fond du verre où vient d'apparaître un château.
Les arbres noueux du bord de la route s'inclinent vers le voyageur.
Il vient du village proche, Il vient de la ville lointaine, Il ne fait que passer au pied des clochers. Il aperçoit à la fenêtre une étoile rouge qui bouge, Qui descend, qui se promène en vacillant Sur la route blanche, dans la campagne noire. Elle se dirige vers le voyageur qui la regarde venir. Un instant elle brille dans chacun de ses yeux, Elle se fixe sur son front. Étonné de cette lueur glaciale qui l'illumine, Il essuie son front. Une goutte de vin perle à son doigt. Maintenant l'homme s'éloigne et s'amoindrit dans la nuit. Il est passé près de cette source où vous venez au matin cueillir le cresson frais, Il est passé près de la maison abandonnée. C'est l'homme à la goutte de vin sur le front. Il danse à l'heure actuelle dans une salle immense, Une salle brillamment éclairée, Resplendissante de son parquet ciré Profond comme un miroir. Il est seul avec sa danseuse Dans cette salle immense, et il danse Au son d'un orchestre de verre pilé. Et les créatures de la nuit Contemplent ce couple solitaire et qui danse Et la plus belle d'entre les créatures de la nuit Essuie machinalement une goutte de vin à son front, La remet dans un verre, Et le dormeur s'éveille, Voit la goutte briller de cent mille rubis dans le verre Qui était vide lorsqu'il s'endormit. La contemple. L'univers oscille durant une seconde de silence Et le sommeil reprend ses droits, Et l'univers reprend son cours Par les milliers de routes blanches tracées par le monde À travers les campagnes ténébreuses.
Ici un documentaire de la série "Un siècle d'écrivains" consacré à Robert Desnos l'un des grands poètes du surréalisme. Pour savoir plus de Robert Desnos, jetez un coup d'oeil sur la page de Robert Desnos, http://www.robertdesnos.asso.fr/