
Je vous laisse quelque parties de Les contre rimes de Paul- Jean Toulet( 1869-1920), considerés comme "un délicieux et subtil jeu verbal" par Alain Couprie
Paul-Jean Toulet
Contrerimes
1
Avril, dont l’odeur nous augure
Le renaissant plaisir,
Tu découvres de mon désir
La secrète figure.
Ah, verse le myrte à Myrtil,
L’iris à Desdémone :
Pour moi d’une rose anémone
S’ouvre le noir pistil.
2
Toi qu’empourprait l’âtre d’hiver
Comme une rouge nue
Où déjà te dessinait nue
L’arôme de ta chair ;
Ni vous, dont l’image ancienne
Captive encor mon cœur,
Île voilée, ombres en fleurs,
Nuit océanienne ;
Non plus ton parfum, violier
Sous la main qui t’arrose,
Ne valent la brûlante rose
Que midi fait plier...
5
Dans le lit vaste et dévasté
J’ouvre les yeux près d’elle ;
Je l’effleure : un songe infidèle
L’embrasse à mon côté.
Une lueur tranchante et mince
Échancre mon plafond,
Très loin, sur le pavé profond,
J’entends un seau qui grince...
6
Il pleuvait. Les tristes étoiles
Semblaient pleurer d’ennui.
Comme une épée, à la minuit,
Tu sautas hors des toiles.
— Minuit ! Trouverai-je une auto,
Par ce temps ? Et le pire,
C’est mon mari. Que va-t-il dire,
Lui qui rentre si tôt ?
— Et s’il vous voyait sans chemise,
Vous, toute sa moitié ?
— Ne jouez donc pas la pitié.
— Pourquoi ?... Doublons la mise.
7
Le microbe : Botulinus
Fut, dans ses exercices,
Découvert au sein des saucisses
Par un Alboche en us.
Je voudrais, non moins découverte,
Floryse, que ce fût
Vous que je trouve, au bois touffu,
Dormante à l’ombre verte ;
Si même l’archer de Vénus
Des traits en vous dérobe
Plus dangereux que le microbe
Nommé : Botulinus....
EXTRAIT- (1921)
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